top of page

Editorial du président du B’nai B’rith France



L’Algérie, ce régime qui condamne ses écrivains

 

La culture nourrit l’esprit, affranchit l’homme des servitudes, combat les haines. Elle est ainsi depuis toujours la cible des tyrannies. En 1933, les nazis brulent les livres des grandes figures germanophones. Le 14 février 1989, l’ayatollah Khomeini décrète une fatwa ordonnant l’assassinat de Salman Rushdie. A partir de 2014, l’Etat islamique détruit le patrimoine culturel des territoires qu’il contrôle. Aujourd’hui, le régime autoritaire algérien bâillonne et condamne ses écrivains. Penser est un crime. Parler est un danger. Ecrire est un blasphème. Toujours le même objectif : la décapitation intellectuelle au service de l’asservissement et de la peur.


Boualem Sensal, arrêté à Alger le 16 novembre 2024 à 80 ans, malade, condamné à 5 ans de prison après un simulacre de procès, est en danger de mort. Grand humaniste, son seul crime réside dans son attachement viscéral, à travers son génie littéraire, à la démocratie. Kamel Daoud, écrivain franco-algérien lui aussi, est traqué pour le même crime de liberté d’expression, et fait l’objet de deux mandats d’arrêt du pouvoir algérien. 


Boualem Sensal doit être libéré avant qu’il ne soit trop tard. Kamel Daoud doit être protégé de l’ombre de ses geôliers. La mobilisation de tous les défenseurs de la liberté est vitale. Pour les deux écrivains d’abord. Mais aussi pour la victoire de nos valeurs universelles face aux diktats des obscurantistes islamistes, pour le triomphe de la lumière sur la nuit. Se taire, c’est se rendre complices de leurs bourreaux. Leurs plumes sont notre drapeau. Leurs livres sont notre combat. Devenu un enjeu des tensions diplomatiques entre Paris et Alger, leur sort doit être expurgé des calculs politiques pour ne répondre qu’aux impératifs moraux et humains. Face à la terreur, les discours convenus ne suffisent pas.


La résolution demandant la libération immédiate de Boualem Sensal, récemment votée à une large majorité par l’Assemblée nationale, est l’honneur de notre pays. C’était sans compter sur ces députés de la France Insoumise qui, en votant contre, se sont souillés à jamais – si cela était encore nécessaire – du sceau de l’infamie. Leur passionaria Rima Hassan déclarait en 2024 qu’« Alger est la Mecque des révolutionnaires et de la liberté ». Pour cela, et pour tout le reste, c’est gens-là devront rendre des comptes. Face à la République. Face à l’histoire. Que ceux qui se sont alliés à eux et qui hésitent encore à s’en détacher ne l’oublient pas. Nous n’oublierons jamais.


Philippe MEYER

Article paru dans Actualité Juive du 21 mai 2024

bottom of page