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SARAH BERNHARDT ( 1844- 1922 ), une drôle de juive !


Mardi 14 Février 2012

Par Alain Lellouch, mentor de la Loge Ben Gourion
La particularité de Sarah fut d’être juive, courtisane et actrice



SARAH BERNHARDT  ( 1844-  1922 ),  une drôle de juive !
Sous les traits de Phèdre ou de  l’Aiglon , Sarah Bernardt sera l’une des actrices  les plus adulées du tout–Paris  de  la IIIè République. Première représentante, avant la lettre,  du star system, on  connaît    son sens  aigu de  sa publicité, sa    vie sentimentale très agitée qui défrayait la chronique, sa  cour,  homo et hétérosexuelle. Ses biographes nous ont  rappelé encore la beauté de son visage et de sa voix, ses colères violentes et  ses esclandres mais   aussi son courage ( quand elle continue à jouer amputée d’une jambe suite à une chute professionnelle),  sa générosité et  son patriotisme. Le luxe de ses hotels particuliers et de ses équipages restait légendaire.  Mais qu’en fut-il exactement de Sarah Bernardt, en tant que  personne juive ?
Juive, elle le fut d’abord  au sens  de la Hala’ha, : Sa  mère Judith VAN HARD dite Youle,   une juive hollandaise, était venue avec  sa tante  Rosine s’installer  à Paris, les deux sœurs vivant   du  commerce de leur charmes. Née  le 22 octobre 1844, la petite Sarah est   déclarée    « fille d’un certain Bernardt,  originaire de Normandie, et d’une dame Hardt ». Adorant transformer  la réalité, l’actrice devenue célèbre parlera  de ses cousins bretons les  KER_BERNARDT. Le duc de Morny, un habitué de Rosine,    remarquant  la  sensibilité  de la petite Sarah sera  son protecteur et voudra    lui donner de « bonnes manières » .   Sarah rentre alors au couvent, à Versailles. 
 
Baptême  et   mysticisme : Mais il fallut d’abord  baptiser  Sarah devenue Henriette, Au  couvent, notre jeune chrétienne  eut des « colères terrifiantes » . « Naturellement exaltée, Sarah  eut avant  (le baptême)  une série de crises mystiques qui  firent l’admiration  des sœurs. Elle s’entretenait avec la Sainte Vierge ».
 Banquiers juifs  et  demi-mondaines  : Tout au long de sa vie, Sarah Bernhardt  fréquentera  plusieurs Juifs : d’abord quelques   amants,   juifs (Charles Haas  et  Catulle-Mendès)  mais  aussi des journalistes juifs, Arthur Meyer,  son public relation   ou   Reynaldo Hahn, un auteur compositeur juif sud-américain,   familier de Belle Ile en Mer, 
 Après la Monarchie de Louis-Philippe (1830-1848), le Second Empire (1851-1870) voit, avec Napoléon III,   l’ascension  sociale de nombreux banquiers et hommes d’affaire juifs (Les  frères Péreire) .  Citons    Jullian, l’ un des biographes de Sarah Bernardt :
«  (Dans)  La Comédie Humaine (Balzac)  consacre bien des chapitres à  ces .deux groupes sociaux… si importants à Paris au milieu du XIXè siècle : Les Juifs et les courtisanes . Les premiers… venus d’Allemagne, prirent une place prépondérante dans les affaires et réussirent par leur prodigieux don  d’adaptation au  théatre. Rachel et Offenbach furent les plus parisiens des parisiens,  tout comme l’avait été …  Henri Heine  et comme allait le devenir Charles Haas, le Swann de Proust. De telles réussites permettaient tous les espoirs à  de nouveaux venus qui oubliaient leurs anciens principes avant d’acquérir de nouvelles manières.
Quant aux courtisanes,  certes il y en avait toujours eu, mais elles devinrent des célébrités, tenant par le luxe de leurs demeures et de leurs équipages, le haut du pavé. La plus célèbre d’entre elles fut  la Païva, une juive polonaise »
La particularité de Sarah  fut  d’être juive, courtisane et actrice. Au sujet de sa souche familiale juive, Edmond de Goncourt écrivait férocement dans son Journal : «  Voilà une famille : la mère a prostitué toutes ses filles aussitôt qu’elles ont eu 13 ans. La petite Régina qui  est morte à 19  ans et dont la vie de poitrinaire a été écourtée par la putinerie encouragée par sa mère a passé son agonie à la traiter de maquerelle ».  
Sarah  et  l’antisémitisme : Devenue actrice adulée,  Sarah   fut,  d’une certaine façon, protégée de l’antisémitisme. On n’osait pas s’attaquer au monstre sacré. Pourtant, la haine anti-juive  éclate  quand, à 35 ans,    elle quitte la Comédie Française, le 17 Juin 1879 :  un   abonné anonyme lui écrit alors : «  Mon pauvre squelette,  tu  ferais bien de ne pas voir ton horrible nez juif à la cérémonie après demain . je crains pour lui qu’il ne serve de cible à  toutes les pommes qu’on fait cuire en ce moment dans la bonne ville de Paris à  ton attention … ».
Hors de France, Sarah fut  encore huée à Kiev,  en tant que juive  …
Dreyfusarde dans son environnement  anti-dreyfusard  : Quand  l’affaire  éclate  Sarah,  bien que convertie au christianisme, reprend conscience de sa judéité et   se déclare  ouvertement  dreyfusarde . Pourtant,  tous  lesz milieux  qu’elle fréquentait étaient  anti-dreyfusards et antisémites. A commencer par   Maurice son      fils  chéri, le seul vrai amour masculin  de sa vie qui était  contre le capitaine ;  il y avait ensuite, Jeojeotte alias Clairain, le peintre  d’abord  l’ amant puis l’  ami  fidèle à  Belle _Ile. Parmi les  anti-dreyfusards, on retrouvait encore le   poète   Jean Lorrain, le  critique nationaliste Jules Lemaître   et même   le  journaliste  juif Arthur Meyer. Seul,  dans l’entourage  de Sarah, le délicat   compte Robert de Montesquiou  restait  convaincu  de l’innocence de Dreyfus mais il n’était pas, pour autant prêt à le défendre. Sarah elle,  tout en se déclarant passionnément française, adopta une position  courageuse  contre l’Armée Française qui accable Dreyfus. Elle oublie alors  le   couvent de  Versailles, son  baptème,  son adoration de la Vierge et déclare, à propos de  l’affaire : « J’attends que les chrétiens soient meilleurs que nous » 
Sarah et la ….. tsedaka : Sarah était âpre au gain mais elle savait aussi être généreuse.  Au cours de ses  tournées  à l’étranger, elle aimait à  donner  des représentations de charité. Quand elle joua  à New York,   un gala fut organisé en faveur des victimes de l’antisémitisme en Russie. Les années  1888 , 1891, 1892 et  1893 seront autant  de tournées  triomphales : à Londres (avec  d’un de ses amants de l’époque,  le prince de Galles)  mais aussi en Amérique du Nord et du Sud,  en Australie,  en Russie, en Scandinavie . On l’appelait Sarah barnum ou  la Juive errante. Mais juive un peu honteuse, elle voudra cacher aux parisiens qu’elle a joué, en mai  1892, à New York, une pièce inspiré du  folklore yddich  ….
Sarah  Madelon : En  1914-1918, celle qu’on appelle désormais  Madame Sarah  veut être l’ambassadrice de la France à l’étranger. Elle prête son théatre pour des journées de charité patriotique. Se vivant  indispensable au pays durant la Grande Guerre,  elle participe aux séances du Théatre aux Armées organisées par le directeur de la Comédie Française,  récite du Rostand, clame la Marseillaise,  forçant ainsi les applaudissements. En juin  1914 (à 70 ans),    le gouvernement de la III ème   République se décide à la décorer  chevalier de la Légion  d’honneur.
La mort de Sarah : Le 26 mars 1926 (à  78 ans). Sarah    crie  à Maurice, le  fils adoré : «  Comme la mort est lente à  venir … Je veux des fleurs , beaucoup de fleurs ». Etait-ce parce qu’elle avait été   juive et   courtisane, le gouvernement de la III ème  République lui refuse les funérailles nationales. A  Londres, pourtant, en présence de la reine Victoria sera célébré un  service spécial à Wetsminster Abbey…  Le 26 mars,  dans l’après- midi,  Sarah  meurt sans lâcher ni les  mains  de son  fils ni celle  de sa fidèle   compagne amie Louise Abbéma. Toute la nuit, les groupes d’intimes défilent devant le lit à colonnes. Sarah a  une longue robe  blanche de satin sur laquelle est  épinglée sa légion  d’honneur ;  elle  tient  un  crucifix entre ses mains et   reçoit l’extrême-onction…
Et voicinotre  Sarah née   juive qui meurt  en  chrétienne accomplie. …Elle  restera pourtant    « yiddish mamé » idolâtrant  son Maurice,   un jeune dandy  toxicomane, sans scrupule qui n’aura  de cesse  de la ruiner.Cette bonne  mère juive    aura tout  concédé   à ce fils unique,  l’un  de ses seuls et vrais amours masculins….
 
 
 
 
 
 
 









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