
Sous les traits de Phèdre ou de l’Aiglon , Sarah Bernardt sera l’une des actrices les plus adulées du tout–Paris de la IIIè République. Première représentante, avant la lettre, du star system, on connaît son sens aigu de sa publicité, sa vie sentimentale très agitée qui défrayait la chronique, sa cour, homo et hétérosexuelle. Ses biographes nous ont rappelé encore la beauté de son visage et de sa voix, ses colères violentes et ses esclandres mais aussi son courage ( quand elle continue à jouer amputée d’une jambe suite à une chute professionnelle), sa générosité et son patriotisme. Le luxe de ses hotels particuliers et de ses équipages restait légendaire. Mais qu’en fut-il exactement de Sarah Bernardt, en tant que personne juive ?
Juive, elle le fut d’abord au sens de la Hala’ha, : Sa mère Judith VAN HARD dite Youle, une juive hollandaise, était venue avec sa tante Rosine s’installer à Paris, les deux sœurs vivant du commerce de leur charmes. Née le 22 octobre 1844, la petite Sarah est déclarée « fille d’un certain Bernardt, originaire de Normandie, et d’une dame Hardt ». Adorant transformer la réalité, l’actrice devenue célèbre parlera de ses cousins bretons les KER_BERNARDT. Le duc de Morny, un habitué de Rosine, remarquant la sensibilité de la petite Sarah sera son protecteur et voudra lui donner de « bonnes manières » . Sarah rentre alors au couvent, à Versailles.
Baptême et mysticisme : Mais il fallut d’abord baptiser Sarah devenue Henriette, Au couvent, notre jeune chrétienne eut des « colères terrifiantes » . « Naturellement exaltée, Sarah eut avant (le baptême) une série de crises mystiques qui firent l’admiration des sœurs. Elle s’entretenait avec la Sainte Vierge ».
Banquiers juifs et demi-mondaines : Tout au long de sa vie, Sarah Bernhardt fréquentera plusieurs Juifs : d’abord quelques amants, juifs (Charles Haas et Catulle-Mendès) mais aussi des journalistes juifs, Arthur Meyer, son public relation ou Reynaldo Hahn, un auteur compositeur juif sud-américain, familier de Belle Ile en Mer,
Après la Monarchie de Louis-Philippe (1830-1848), le Second Empire (1851-1870) voit, avec Napoléon III, l’ascension sociale de nombreux banquiers et hommes d’affaire juifs (Les frères Péreire) . Citons Jullian, l’ un des biographes de Sarah Bernardt :
« (Dans) La Comédie Humaine (Balzac) consacre bien des chapitres à ces .deux groupes sociaux… si importants à Paris au milieu du XIXè siècle : Les Juifs et les courtisanes . Les premiers… venus d’Allemagne, prirent une place prépondérante dans les affaires et réussirent par leur prodigieux don d’adaptation au théatre. Rachel et Offenbach furent les plus parisiens des parisiens, tout comme l’avait été … Henri Heine et comme allait le devenir Charles Haas, le Swann de Proust. De telles réussites permettaient tous les espoirs à de nouveaux venus qui oubliaient leurs anciens principes avant d’acquérir de nouvelles manières.
Quant aux courtisanes, certes il y en avait toujours eu, mais elles devinrent des célébrités, tenant par le luxe de leurs demeures et de leurs équipages, le haut du pavé. La plus célèbre d’entre elles fut la Païva, une juive polonaise ».
La particularité de Sarah fut d’être juive, courtisane et actrice. Au sujet de sa souche familiale juive, Edmond de Goncourt écrivait férocement dans son Journal : « Voilà une famille : la mère a prostitué toutes ses filles aussitôt qu’elles ont eu 13 ans. La petite Régina qui est morte à 19 ans et dont la vie de poitrinaire a été écourtée par la putinerie encouragée par sa mère a passé son agonie à la traiter de maquerelle ».
Sarah et l’antisémitisme : Devenue actrice adulée, Sarah fut, d’une certaine façon, protégée de l’antisémitisme. On n’osait pas s’attaquer au monstre sacré. Pourtant, la haine anti-juive éclate quand, à 35 ans, elle quitte la Comédie Française, le 17 Juin 1879 : un abonné anonyme lui écrit alors : « Mon pauvre squelette, tu ferais bien de ne pas voir ton horrible nez juif à la cérémonie après demain . je crains pour lui qu’il ne serve de cible à toutes les pommes qu’on fait cuire en ce moment dans la bonne ville de Paris à ton attention … ».
Hors de France, Sarah fut encore huée à Kiev, en tant que juive …
Dreyfusarde dans son environnement anti-dreyfusard : Quand l’affaire éclate Sarah, bien que convertie au christianisme, reprend conscience de sa judéité et se déclare ouvertement dreyfusarde . Pourtant, tous lesz milieux qu’elle fréquentait étaient anti-dreyfusards et antisémites. A commencer par Maurice son fils chéri, le seul vrai amour masculin de sa vie qui était contre le capitaine ; il y avait ensuite, Jeojeotte alias Clairain, le peintre d’abord l’ amant puis l’ ami fidèle à Belle _Ile. Parmi les anti-dreyfusards, on retrouvait encore le poète Jean Lorrain, le critique nationaliste Jules Lemaître et même le journaliste juif Arthur Meyer. Seul, dans l’entourage de Sarah, le délicat compte Robert de Montesquiou restait convaincu de l’innocence de Dreyfus mais il n’était pas, pour autant prêt à le défendre. Sarah elle, tout en se déclarant passionnément française, adopta une position courageuse contre l’Armée Française qui accable Dreyfus. Elle oublie alors le couvent de Versailles, son baptème, son adoration de la Vierge et déclare, à propos de l’affaire : « J’attends que les chrétiens soient meilleurs que nous »
Sarah et la ….. tsedaka : Sarah était âpre au gain mais elle savait aussi être généreuse. Au cours de ses tournées à l’étranger, elle aimait à donner des représentations de charité. Quand elle joua à New York, un gala fut organisé en faveur des victimes de l’antisémitisme en Russie. Les années 1888 , 1891, 1892 et 1893 seront autant de tournées triomphales : à Londres (avec d’un de ses amants de l’époque, le prince de Galles) mais aussi en Amérique du Nord et du Sud, en Australie, en Russie, en Scandinavie . On l’appelait Sarah barnum ou la Juive errante. Mais juive un peu honteuse, elle voudra cacher aux parisiens qu’elle a joué, en mai 1892, à New York, une pièce inspiré du folklore yddich ….
Sarah Madelon : En 1914-1918, celle qu’on appelle désormais Madame Sarah veut être l’ambassadrice de la France à l’étranger. Elle prête son théatre pour des journées de charité patriotique. Se vivant indispensable au pays durant la Grande Guerre, elle participe aux séances du Théatre aux Armées organisées par le directeur de la Comédie Française, récite du Rostand, clame la Marseillaise, forçant ainsi les applaudissements. En juin 1914 (à 70 ans), le gouvernement de la III ème République se décide à la décorer chevalier de la Légion d’honneur.
La mort de Sarah : Le 26 mars 1926 (à 78 ans). Sarah crie à Maurice, le fils adoré : « Comme la mort est lente à venir … Je veux des fleurs , beaucoup de fleurs ». Etait-ce parce qu’elle avait été juive et courtisane, le gouvernement de la III ème République lui refuse les funérailles nationales. A Londres, pourtant, en présence de la reine Victoria sera célébré un service spécial à Wetsminster Abbey… Le 26 mars, dans l’après- midi, Sarah meurt sans lâcher ni les mains de son fils ni celle de sa fidèle compagne amie Louise Abbéma. Toute la nuit, les groupes d’intimes défilent devant le lit à colonnes. Sarah a une longue robe blanche de satin sur laquelle est épinglée sa légion d’honneur ; elle tient un crucifix entre ses mains et reçoit l’extrême-onction…
Et voici, notre Sarah née juive qui meurt en chrétienne accomplie. …Elle restera pourtant « yiddish mamé » idolâtrant son Maurice, un jeune dandy toxicomane, sans scrupule qui n’aura de cesse de la ruiner.Cette bonne mère juive aura tout concédé à ce fils unique, l’un de ses seuls et vrais amours masculins….
Juive, elle le fut d’abord au sens de la Hala’ha, : Sa mère Judith VAN HARD dite Youle, une juive hollandaise, était venue avec sa tante Rosine s’installer à Paris, les deux sœurs vivant du commerce de leur charmes. Née le 22 octobre 1844, la petite Sarah est déclarée « fille d’un certain Bernardt, originaire de Normandie, et d’une dame Hardt ». Adorant transformer la réalité, l’actrice devenue célèbre parlera de ses cousins bretons les KER_BERNARDT. Le duc de Morny, un habitué de Rosine, remarquant la sensibilité de la petite Sarah sera son protecteur et voudra lui donner de « bonnes manières » . Sarah rentre alors au couvent, à Versailles.
Baptême et mysticisme : Mais il fallut d’abord baptiser Sarah devenue Henriette, Au couvent, notre jeune chrétienne eut des « colères terrifiantes » . « Naturellement exaltée, Sarah eut avant (le baptême) une série de crises mystiques qui firent l’admiration des sœurs. Elle s’entretenait avec la Sainte Vierge ».
Banquiers juifs et demi-mondaines : Tout au long de sa vie, Sarah Bernhardt fréquentera plusieurs Juifs : d’abord quelques amants, juifs (Charles Haas et Catulle-Mendès) mais aussi des journalistes juifs, Arthur Meyer, son public relation ou Reynaldo Hahn, un auteur compositeur juif sud-américain, familier de Belle Ile en Mer,
Après la Monarchie de Louis-Philippe (1830-1848), le Second Empire (1851-1870) voit, avec Napoléon III, l’ascension sociale de nombreux banquiers et hommes d’affaire juifs (Les frères Péreire) . Citons Jullian, l’ un des biographes de Sarah Bernardt :
« (Dans) La Comédie Humaine (Balzac) consacre bien des chapitres à ces .deux groupes sociaux… si importants à Paris au milieu du XIXè siècle : Les Juifs et les courtisanes . Les premiers… venus d’Allemagne, prirent une place prépondérante dans les affaires et réussirent par leur prodigieux don d’adaptation au théatre. Rachel et Offenbach furent les plus parisiens des parisiens, tout comme l’avait été … Henri Heine et comme allait le devenir Charles Haas, le Swann de Proust. De telles réussites permettaient tous les espoirs à de nouveaux venus qui oubliaient leurs anciens principes avant d’acquérir de nouvelles manières.
Quant aux courtisanes, certes il y en avait toujours eu, mais elles devinrent des célébrités, tenant par le luxe de leurs demeures et de leurs équipages, le haut du pavé. La plus célèbre d’entre elles fut la Païva, une juive polonaise ».
La particularité de Sarah fut d’être juive, courtisane et actrice. Au sujet de sa souche familiale juive, Edmond de Goncourt écrivait férocement dans son Journal : « Voilà une famille : la mère a prostitué toutes ses filles aussitôt qu’elles ont eu 13 ans. La petite Régina qui est morte à 19 ans et dont la vie de poitrinaire a été écourtée par la putinerie encouragée par sa mère a passé son agonie à la traiter de maquerelle ».
Sarah et l’antisémitisme : Devenue actrice adulée, Sarah fut, d’une certaine façon, protégée de l’antisémitisme. On n’osait pas s’attaquer au monstre sacré. Pourtant, la haine anti-juive éclate quand, à 35 ans, elle quitte la Comédie Française, le 17 Juin 1879 : un abonné anonyme lui écrit alors : « Mon pauvre squelette, tu ferais bien de ne pas voir ton horrible nez juif à la cérémonie après demain . je crains pour lui qu’il ne serve de cible à toutes les pommes qu’on fait cuire en ce moment dans la bonne ville de Paris à ton attention … ».
Hors de France, Sarah fut encore huée à Kiev, en tant que juive …
Dreyfusarde dans son environnement anti-dreyfusard : Quand l’affaire éclate Sarah, bien que convertie au christianisme, reprend conscience de sa judéité et se déclare ouvertement dreyfusarde . Pourtant, tous lesz milieux qu’elle fréquentait étaient anti-dreyfusards et antisémites. A commencer par Maurice son fils chéri, le seul vrai amour masculin de sa vie qui était contre le capitaine ; il y avait ensuite, Jeojeotte alias Clairain, le peintre d’abord l’ amant puis l’ ami fidèle à Belle _Ile. Parmi les anti-dreyfusards, on retrouvait encore le poète Jean Lorrain, le critique nationaliste Jules Lemaître et même le journaliste juif Arthur Meyer. Seul, dans l’entourage de Sarah, le délicat compte Robert de Montesquiou restait convaincu de l’innocence de Dreyfus mais il n’était pas, pour autant prêt à le défendre. Sarah elle, tout en se déclarant passionnément française, adopta une position courageuse contre l’Armée Française qui accable Dreyfus. Elle oublie alors le couvent de Versailles, son baptème, son adoration de la Vierge et déclare, à propos de l’affaire : « J’attends que les chrétiens soient meilleurs que nous »
Sarah et la ….. tsedaka : Sarah était âpre au gain mais elle savait aussi être généreuse. Au cours de ses tournées à l’étranger, elle aimait à donner des représentations de charité. Quand elle joua à New York, un gala fut organisé en faveur des victimes de l’antisémitisme en Russie. Les années 1888 , 1891, 1892 et 1893 seront autant de tournées triomphales : à Londres (avec d’un de ses amants de l’époque, le prince de Galles) mais aussi en Amérique du Nord et du Sud, en Australie, en Russie, en Scandinavie . On l’appelait Sarah barnum ou la Juive errante. Mais juive un peu honteuse, elle voudra cacher aux parisiens qu’elle a joué, en mai 1892, à New York, une pièce inspiré du folklore yddich ….
Sarah Madelon : En 1914-1918, celle qu’on appelle désormais Madame Sarah veut être l’ambassadrice de la France à l’étranger. Elle prête son théatre pour des journées de charité patriotique. Se vivant indispensable au pays durant la Grande Guerre, elle participe aux séances du Théatre aux Armées organisées par le directeur de la Comédie Française, récite du Rostand, clame la Marseillaise, forçant ainsi les applaudissements. En juin 1914 (à 70 ans), le gouvernement de la III ème République se décide à la décorer chevalier de la Légion d’honneur.
La mort de Sarah : Le 26 mars 1926 (à 78 ans). Sarah crie à Maurice, le fils adoré : « Comme la mort est lente à venir … Je veux des fleurs , beaucoup de fleurs ». Etait-ce parce qu’elle avait été juive et courtisane, le gouvernement de la III ème République lui refuse les funérailles nationales. A Londres, pourtant, en présence de la reine Victoria sera célébré un service spécial à Wetsminster Abbey… Le 26 mars, dans l’après- midi, Sarah meurt sans lâcher ni les mains de son fils ni celle de sa fidèle compagne amie Louise Abbéma. Toute la nuit, les groupes d’intimes défilent devant le lit à colonnes. Sarah a une longue robe blanche de satin sur laquelle est épinglée sa légion d’honneur ; elle tient un crucifix entre ses mains et reçoit l’extrême-onction…
Et voici, notre Sarah née juive qui meurt en chrétienne accomplie. …Elle restera pourtant « yiddish mamé » idolâtrant son Maurice, un jeune dandy toxicomane, sans scrupule qui n’aura de cesse de la ruiner.Cette bonne mère juive aura tout concédé à ce fils unique, l’un de ses seuls et vrais amours masculins….