
Dans le cadre des Journées Européennes de la Culture et du Patrimoine Juifs, la commission régionale patrimoine du BB région Provence Midi -Pyrénées Var Aquitaine avait choisi en 2015 de traiter du Yddish comme" Pont" lancé entre le judaïsme et les pays hôtes, avec une conférence de Michel Lieberman.
Le thème des langues juives ayant été retenu pour la JECPJ 2016, la commission a décidé d'approfondir la présentation du Yiddish grâce au film de David Unger "NY tendance Yiddish" présenté et commenté par notre ami Xavier Nataf. Et c'est en Yddish que l'étude de Zosa SZAJKOWSKI sur "La langue des Juifs du Pape" a été éditée en 1948 à New York, ouvrage traduit par Michel Alessio en 2010.
Encore un pont aisé à franchir puisque nous sommes en Provence, de là, le 2ème thème proposé pour ces journées de la JECJP 2016 : la présentation d'une judéo- langue moins connue, le" Shuadit", la langue des Juifs du Pape. Michel Alessio, un des rares spécialistes du Provençal et du Shuadit , qui a longtemps travaillé à la délégation générale à la langue française et aux langues de France à Paris, a accepté de venir à Marseille nous présenter ses réflexions sur ce" parler" provençal qu 'il a intitulées "Shuadit, mythe ou réalité ?"
Michel Alessio commence par évoquer le cadre historique et géographique de cette question "car les faits de langue sont en permanence imbriqués et impliqués dans toutes les autres manifestations de l'expérience humaine." Il rappelle l'ancienneté de la communauté juive en Provence et l'importance numérique de cette population formée en grande partie de prosélytes. En 1481, quand la Provence rejoignit le royaume de France, 10 000 Juifs durent se convertir ou s'en aller. Beaucoup se réfugièrent dans les Etats français du Pape, le Comtat Venaissin. A partir de cette date il n'y a plus de communautés juives en Provence en dehors des quatre communautés sous l'autorité des Papes, Avignon, Carpentras, l'Isle-sur-la- Sorgue et Cavaillon.
Quelles étaient les pratiques linguistiques de ces Juifs ? Ils parlaient la langue d'oc, le provençal, mais ils connaissaient l'hébreu, la langue savante, "langue du culte et de la culture, nécessaire pour lire la Bible et pour correspondre avec les Juifs d'autres pays." Ils utilisaient parfois les caractères hébreux pour écrire le provençal. C'est le cas du "Roman d'Esther" de Crescas du Caylar dont le manuscrit est écrit en provençal avec des caractères hébreux.
Zosa SZAJKOWSKI, historien juif polonais, dans son ouvrage "La langue des Juifs du Pape" parle ,lui, d'une langue particulière "le Chuadit", issue de la fusion de trois langues: le provençal, l'hébreu et le français. Pour Michel Alessio il s'agit simplement de langue d'oc mêlée d'hébraïsmes avec une prononciation particulière puisque le son -ch- n'existe pas en provençal, remplacé par le son -s-. Pour lui une langue juive est une "branche séparée du tronc...privée de la continuité territoriale qui aurait maintenu l'unité de la langue." Ce fut le cas pour le judéo-espagnol ou pour le yddish, parlé dans des pays de langues slaves. Ce n'est pas le cas du Chuadit.
Elise Leibowitch
Responsable Régionale de la commission Patrimoine
Le thème des langues juives ayant été retenu pour la JECPJ 2016, la commission a décidé d'approfondir la présentation du Yiddish grâce au film de David Unger "NY tendance Yiddish" présenté et commenté par notre ami Xavier Nataf. Et c'est en Yddish que l'étude de Zosa SZAJKOWSKI sur "La langue des Juifs du Pape" a été éditée en 1948 à New York, ouvrage traduit par Michel Alessio en 2010.
Encore un pont aisé à franchir puisque nous sommes en Provence, de là, le 2ème thème proposé pour ces journées de la JECJP 2016 : la présentation d'une judéo- langue moins connue, le" Shuadit", la langue des Juifs du Pape. Michel Alessio, un des rares spécialistes du Provençal et du Shuadit , qui a longtemps travaillé à la délégation générale à la langue française et aux langues de France à Paris, a accepté de venir à Marseille nous présenter ses réflexions sur ce" parler" provençal qu 'il a intitulées "Shuadit, mythe ou réalité ?"
Michel Alessio commence par évoquer le cadre historique et géographique de cette question "car les faits de langue sont en permanence imbriqués et impliqués dans toutes les autres manifestations de l'expérience humaine." Il rappelle l'ancienneté de la communauté juive en Provence et l'importance numérique de cette population formée en grande partie de prosélytes. En 1481, quand la Provence rejoignit le royaume de France, 10 000 Juifs durent se convertir ou s'en aller. Beaucoup se réfugièrent dans les Etats français du Pape, le Comtat Venaissin. A partir de cette date il n'y a plus de communautés juives en Provence en dehors des quatre communautés sous l'autorité des Papes, Avignon, Carpentras, l'Isle-sur-la- Sorgue et Cavaillon.
Quelles étaient les pratiques linguistiques de ces Juifs ? Ils parlaient la langue d'oc, le provençal, mais ils connaissaient l'hébreu, la langue savante, "langue du culte et de la culture, nécessaire pour lire la Bible et pour correspondre avec les Juifs d'autres pays." Ils utilisaient parfois les caractères hébreux pour écrire le provençal. C'est le cas du "Roman d'Esther" de Crescas du Caylar dont le manuscrit est écrit en provençal avec des caractères hébreux.
Zosa SZAJKOWSKI, historien juif polonais, dans son ouvrage "La langue des Juifs du Pape" parle ,lui, d'une langue particulière "le Chuadit", issue de la fusion de trois langues: le provençal, l'hébreu et le français. Pour Michel Alessio il s'agit simplement de langue d'oc mêlée d'hébraïsmes avec une prononciation particulière puisque le son -ch- n'existe pas en provençal, remplacé par le son -s-. Pour lui une langue juive est une "branche séparée du tronc...privée de la continuité territoriale qui aurait maintenu l'unité de la langue." Ce fut le cas pour le judéo-espagnol ou pour le yddish, parlé dans des pays de langues slaves. Ce n'est pas le cas du Chuadit.
Elise Leibowitch
Responsable Régionale de la commission Patrimoine