
HISTOIRE BIBLIQUE
Je sais que parler de l’histoire biblique n’est pas un exercice facile. Car, nous sommes sur un terrain glissant, en raison principalement des conflits que peuvent soulever les interprétations.
Nous savons que la chronologie biblique est d’une autre nature que la chronologie profane et que c’est pour cela qu’elle ne peut fournir des repères historiques, au sens strictement scientifique, par ailleurs la chronologie profane ne peut se substituer à la défaillance biblique. L’homme rationnel du 20 ème siècle les lit et les interprète avec son esprit, alors que, pour les connaître dans leur sens véritable, il faudrait une clé que nous ne possédons plus. Nous nous trouvons alors, devant la probité scientifique et la croyance en la révélation biblique, ou si vous préférez celle de la bonne foi et celle de la foi.
Pour les historiens, l’histoire biblique commence avec Abraham, sans ressusciter tous les peuples anciens, essayons de voir l’avant Abraham.
I – L’AVANT ABRAHAM
Comme tout le monde le sait, les décennies entourant l’an 2000 présentent une situation fort agitée. Les régions du Naharina(1) et de la Moyenne et Basse Mésopotamie sont le théâtre d’âpres luttes d’influence entre groupes ethniques extrêmement différents ( les Indo-Européens, les Babyloniens, les Hamourabites, les Hittites, etc…..), c’est de ce creuset en pleine effervescence que surgit la famille d’Abraham.
Au début de ce deuxième millénaire, quelque chose bouge, en Sumérie, à Our plus exactement, le clan des Térahites se met en mouvement. Minuscule migration, mais elle a quelque chose de particulier, c’est l’histoire biblique qui se déclenche, car parmi les Térahites il y a Abraham, fils de Terah.
Mais, d’où viennent les Terahites ?
L’extraordinaire promotion de l’histoire, provoquée par l’archéologie et l’épigraphie modernes , ont mis fin à toutes les conceptions simplistes qui voyaient en Abraham et ses contemporains les représentants d’une humanité naïve, fruste, voir même sauvage. L’archéologie nous a placés, au contraire, face à un monde civilisé même raffiné.(2) habile dans les techniques, et le commerce.
Un monde déjà régi par des lois juridiques, économiques et sociales.
, vous avez entendu parlé du code d’Hammourabi, qui est peut-être encore exposé au Louvre (première écriture cuneiforme)
L’ancêtre Térah, son fils Abraham et son petit fils Lot , les femmes Sarah et Milka, quittent Our pour Haran. Ce premier départ, n’est pas du au message divin. Mais à un départ volontaire, décidé par le père Terah. Trois explications nous sont données, justifiant ce départ :
La première, cadrant parfaitement avec les données de l’époque, Térah était marchand d’Idoles, son départ de Our a pu aussi s’expliquer par des raisons économiques. Our et Haran étaient deux puissantes cités de l’empire sumérien et l’une et l’autre sont des capitales du culte du Dieu-lune (Nanar), un véritable commerce d’objets cultuels s’est développé. Terah laisse un de ses fils, Nahor à Our, ce qui indique qu’il ne s’agit pas d’une migration totale, mais de la recherche d’un nouveau débouché commercial.
Une deuxième explication est donnée par un autre midrach
(1) selon ce Midrash Nimrod souverain de Mésopotamie, a persécuté les Térahites pour raisons religieuses. Abraham et son jeune frère auraient été précipités dans une fournaise, Abraham en fut miraculeusement sorti,son jeune frère a péri. Abraham attristé par cette disparition, emmena avec lui son neveu LOT.
(2) Et nous avons une troisième, celle-ci devrait alors être datée très précisément du moment où Hammourabi tente l’invasion de la Sumèrie. Le groupe Sémite des Térahites a dû se considérer comme indésirable à Our. Un départ d’Our s’expliquerait fort bien pour des raisons de sécurité politique. Des tablettes de Mâri, contemporaines de ces luttes, mentionnent des campements de tribus Araméennes dans toute la région de Mâri, à mi-chemin entre Our et Haran, il serait tentant de voir dans l’un de ces clans araméens la famille d’Abraham.
Nous savons que les Térahites sont des Sémites, ce qu’il est plus difficile d’établir, c’est leur identité précise au sein des nombreuses tribus sémitique installées en Mésopotamie.
On les a appelé les Hébreux, ou Ibrims, mais ce terme est susceptible de plusieurs acceptions et ne donne que des indications assez vagues.
Selon l’une des étymologie suggérée par la Bible, les Ibrims seraient des Bné-Héber, c’est à dire les descendants d’Héber, lui-même descendant de Sem (un des trois fils de Noë)
Selon une autre étymologie, les Ibrims sont ceux qui sont venus d’au-delà de l’Euphrate (Eber-hanahar) Abraham aurait été alors le premier à porter ce nom, puisque lui seul est venu en Canaan d’au-delà de l’Euphrate, cette seconde étymologie n’indique rien sur l’origine des Hébreux, avant qu’ils n’aient quitté la Mésopotamie. Nous n’avons que des suppositions.
Une indication biblique plus précise identifie les Térahites avec les Araméens.
Etant donnée la proche parenté stipulée par la genèse (10.22)
Voilà un résumé très succinct sur les origines, une prochaine fois nous aborderons l’histoire proprement dite d’Abraham : homme politique, stratège et visionnaire.
David Nahmany (Genève)
(1) NAHARINA : pays appelé Naharina du mot Akkadien NHR pour rivière, on le situe près de l’Euphrate.
(2) nous avons une excellente mise au point de W F ALBRIGHT, le livre « Archèologie de la Palestine, édité en 1955, qui parle de cette civilisation.