Partout en France, des milliers de citoyens sont descendus dans la rue pour dire Non à l’antisémitisme. Non à ce mal profond qui ronge notre société. Non à cette escalade dangereuse qui menace la République. Non à cette bête immonde qui cible les juifs au quotidien, encore et toujours. Non à la haine.
Nous étions présents, partout, pour participer à cet élan collectif. A tous ces citoyens qui ont porté haut les couleurs de la République, dans leur diversité de religions, d’opinions, et d’origines, au-delà des clivages, nous devons d’abord dire merci. Ces foules immenses, compactes et anonymes, venues aux côtés de nombreux élus et responsables associatifs, ont fait honneur à notre pays au moment où d’autres le salissent et le blessent par leur haine des juifs et des valeurs fondamentales de notre société que nous portons depuis toujours.
Les Français juifs demandent depuis trop longtemps l’arrêt de l’indifférence et se sentent trop souvent seuls dans ce combat, alors qu’il doit être l’affaire de toute la nation, pour ne pas saluer aujourd’hui avec fraternité et sincérité cet élan national. « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous » disait Frantz Fanon. Ce soir là, nous étions nombreux pour dresser l’oreille lors de ces rassemblements dignes et forts où la France était unie et mobilisée.
Mais dans le même temps, nous avons également vu dans le passé bien trop de sursauts restés sans lendemains pour ne pas demeurer vigilants, actifs et mobilisés.
Car après ces foules nombreuses, ces symboles forts des plus hautes autorités de l’Etat, et cet appel partagé par les principales forces politiques du pays, une unité de la même ampleur et avec la même force doit désormais, et sans tarder, demander à aller plus loin et passer des paroles aux actes.
Aller plus loin, c’est mettre en place un véritable plan national d’urgence contre l’antisémitisme, fort, étendu et concret, prenant des mesures de lutte sévère et de tolérance zéro contre toute expression de haine anti-juive sous toutes ses formes et à tous les niveaux de la société.
Les paroles prononcées par le Président Emmanuel Macron le 20 février, au lendemain de la mobilisation nationale, ont été fortes, notamment lorsqu’il a annoncé que la France allait adopter la définition de l’antisémitisme de l’Alliance Internationale pour la mémoire de la Shoah, incluant l’antisionisme. Ces propos doivent être salués et très vite appliqués.
Aller plus loin, c’est mettre en place une pénalisation de l’antisionisme.
Aller plus loin, c’est décider, et voter, un arsenal juridique plus coercitif et dissuasif qu’il ne l’est aujourd’hui contre tout acte antisémite. L’antisémitisme ne doit pas être qu’un délit d’opinion, mais un délit de droit commun, assorti de peines lourdes, et appliquées.
Aller plus loin, c’est mener un travail effectif en profondeur dans les écoles, sur les réseaux sociaux, dans les prisons, dans les quartiers, pour poursuivre, éduquer, et ne rien laisser passer. Ni l’antisémitisme, ni le négationnisme, ni le complotisme.
Aller plus loin, c’est faire appliquer la législation interdisant en France le boycott d’Israël qui véhicule, on le sait, un antisemitisme des plus sournois, donc des plus dangereux.
La République a su dire NON. Sans ambiguïté. Elle doit agir en ce sens. Sans compromis.